Il était une fois dans l’Ouest (Partie 1)
On dit communément que le Cameroun, c’est l’Afrique en miniature. En effet, tous les climats s’y trouvent, de l’extrême nord avec ses plaines désertiques au sud avec ses plages et ses cocotiers, vers l’ouest avec sa terre volcanique et ses montagnes à l’est et sa dense forêt équatoriale. Plus au centre du pays, cette région porte pourtant le nom de l’Ouest. C'est là que se sont installés depuis la nuit des temps, le peuple Bamiléké…
Sur la route de l’Ouest, Penja (1) et les chutes d'Ekom (2)
Si vous êtes Bamiléké et que vous travaillez et habitez à Douala (un classique), le week-end venu, vous allez repartir illico presto pour l’Ouest. Que ça soit pour «la réunion», un deuil, trouver la grand-mère au village ou simplement profiter du bon air frais des collines, vous prendrez votre mal en patience pour braver une route sinueuse et semée d'ornières sur quelques centaines de kilomètres.
Profitant de la venue de la maman de Céline en ce début d’année nous en profitons pour voyager vers l’Ouest à la découverte de quelques richesses dont la région a le secret. Retardé dans notre départ aux aurores depuis Douala, voiture oblige, nous traversons Penja, la capitale d’un des meilleurs poivre au monde et planifions de nous y arrêter à notre retour… Grave erreur!
Champs de poivre de Penja à perte de vue
Si le village de Penja ne paie pas vraiment de mine, une visite des plantations de poivre s’impose. En effet, cette épice – que l’on appelle ici l’or blanc – recouvre gentiment tous les espaces cultivables des environs et reçoit, en 2013, la consécration: elle devient la première IGP d’Afrique notamment grâce au travail sans relâche d’Emmanuel (voir le film sur le Poivre de Penja ici).
Un peu plus loin, entre Nkonsamba et Melong se trouve une petite piste sur la droite qui nous emmène dans une nature verdoyante. La descente est plutôt vertigineuse et l’on appréhende déjà le retour, vu les signes peu rassurants de notre carrosse… Mais ça en vaut la peine. Nous découvrons ainsi un joyaux de la nature, plongé dans un écrin de verdure et de fleurs sauvages. Les chutes d’Ekom Kam. Celles-ci ont même servi de décor au film «Greystoke», avec notre compatriote Christophe Lambert dans le rôle de Tarzan…
Les chutes d'Ekom Kam dans un écrin de verdure
Ce qui devait arriver arriva… Notre Carina nous lâcha dans la montée du retour: Radiateur percé… Heureusement, armés de quelques bouteilles nous avons bravé la jungle pour trouver l’eau nécessaire au refroidissement. Nous tiendrons ainsi jusqu’au prochain village en espérant une réparation rapide… C’est aussi ça l’Afrique!
Dschang (3) et Bafoussam
La nuit tombe sur Dschang lorsque nous laissons la voiture descendre, moteur éteint et au point mort, le col culminant à 1900 mètres d’altitude. L’ancienne capitale de l’Ouest est une ville bien développée et surtout connue aujourd’hui pour le Musée des Civilisations qu’elle abrite. Après une bonne nuit de sommeil, nous le visitons avec enthousiasme et découvrons tout d’abord, l’histoire du Cameroun de la colonisations à nos jours ainsi que les différents peuples installés dans le pays. Très instructif et bien réalisé, on regrettera toutefois que l’histoire s’arrête en 2009, tout comme l’entretien de certaines installations. Le haut est destinées à la culture locale et aux chefferies traditionnelles, très actives aujourd’hui encore.
Dans les champs de thés, avec Céline et Véronique
Notre route vers Bafoussam passe non loin de plantations de thés. Si nous avions déjà eu la chance d’en visiter au Kenya (voir l’article), ce n’était pas le cas de Céline et Véronique. Nous traversons les villages dont la poussière de latérite recouvre tout de son manteau rouge et arrivons au pied des champ, tout au sommet de la colline. Le spectacle est saisissant, même si nous ne pouvons pas visiter l’usine, les employés ayant déjà terminé leur travail ce jour-ci.
Petit stop dans le chef lieu de la province de l’Ouest, Bafoussam. L’occasion pour nous de se restaurer et de prendre un peu le pouls de la ville avant de filer vers notre étape du jour à savoir Bayangam, le village d’origine de Josi.
Bayangam - la vie au village (4)
Nous sommes acueillis par la grand-mère maternelle de Josi dans la maison de son arrière grand-mère à Chala et par le successeur de la concession, le fils de la seconde épouse de son mari (vous me suivez?). Très chouette moment de partage, autour du feu en consommant les produits du champs jouxtant la maison, maïs, bananes et avocats.
Au village, chez la grand-mère
Entre philosophie, traditions locales et réflexion sur l’état et les défi du Cameroun aujourd’hui, la nuit sera courte, d’autant plus avec les bruits de la nature sauvage et les courses de rats sur le toit... Le lendemain c’est fatigués mais heureux que nous repartons du village le coffre plein de victuailles: courges, régimes de bananes et haricots secs! Avant de quitter le village, nous faisons une halte sur l’un des sommet culminant de Bayangam: Kagain. C’est là que repose le père de Josi et que nous allons construire une petite maison familiale.
Foumban (6) et Petpenoun (5)
Nous filons plus au nord. La voiture a l’air de tenir le choc. Nous arrivons vers midi à Kutaba et faisons halte chez notre cousin Billy dont le père est Bamoun. L’accueil et très chaleureux et c’est tout le quartier qui vient nous saluer et trinquer avec nous. Billy nous servira de guide pour découvrir la ville de Foumban, réputée dans le monde entier pour son sultanat et ses artisans spécialisés dans le bois.
Attention, derrière vous!
Nous découvrons enfin ce musée au décor incroyable, avec ses deux têtes de serpents en guise d’entrée et une énorme araignée sur le dessus. Hélas, l’intérieur n’a pas encore été inauguré par son Excellence (entendez par là le Président), nous nous conterons donc de l’extérieur. Non loin, le palais du Sultan s’offre également à nous, avec ses airs de châteaux bavarois… L’histoire des Bamouns nous est contée par Billy à qui le rôle de guide sied plutôt bien.
Puis, après avoir admiré une dernière fois le musée d’en haut, c’est déjà l’heure du départ. Nous décidons de passer la nuit dans le domaine de Petpenoun, au dessus de Foumbot. Le soleil couchant sur le lac, ce sera pour une prochaine fois: notre voiture a définitivement serré à 30 kilomètre de notre destination! Après quelques négociations, nous trouvons un taxi dont le pare-brise ressemble a une terre aride craquée par le soleil. Chaque phare de voiture que nous croisons sur la piste défoncée nous plonge dans une ambiance disco avec des jets de lumières par milliers…
Le domaine de Petpenoun, un havre de paix loin de tout
Il fait nuit noire quand nous arrivons dans ce lieu énigmatique,à la déco oscillant entre ranch et lodge et profitons d’un bon repas, à la française. Le lendemain matin, le spectacle est grandiose. Le lever du soleil sur le lac, les oiseaux, les montagnes… Et cette impression d’être seul au monde. Nous en profitons un maximum et faisons même le tour du lac à pied à une allure sportive: en effet, il est déjà midi et, notre voiture n’ayant pu être réparée, nous n’avons pas de solution pour rejoindre Douala, à plusieurs centaines de kilomètres!
Finalement, c’est en transport public que nous rallieront la capitale en soirée. Ces 4 jours à l’Ouest auront été une vraie aventure, avec de superbes paysages, de belles rencontres et un climat très agréable. La voiture quand elle nous rejoindra 2 jours plus tard, comme un panier garni de victuailles de cet Ouest généreux et authentique.
Cet article comporte une suite «Il était une fois dans l'Ouest (Part 2)».